Fièvre aphteuse : l’Europe et le Moyen-Orient en état d’alerte

Depuis le début de l’année 2025, une résurgence inquiétante de la fièvre aphteuse secoue plusieurs régions d’Europe et du Moyen-Orient.

Dans cet article nous ferons un succinct état des lieux de la situation sanitaire et économique de cette nouvelle épidémie.

Qu’est-ce-que la fièvre aphteuse

La fièvre aphteuse (foot and mouth disease, en anglais) est une maladie animale virale très contagieuse. Il s’agit d’une maladie virale qui touche les animaux tels que les bovins, ovins, caprins et les porcins.

Il s’agit d’un virus du sérotype SAT1.

Comment se caractérise la fièvre aphteuse chez les animaux ?

Elle se manifeste notamment par de la fièvre, des cloques (des aphtes) sur la langue et les mamelles mais aussi une perte d’appétit.

Le taux de morbidité peut avoisiner 100 % chez les populations bovines sensibles.

Il est souvent nécessaire d’abattre massivement des troupeaux pour limiter la propagation de la maladie et mettre un terme aux souffrances d’animaux à l’agonie.

Comment se transmet-elle ?

La fièvre aphteuse se transmet principalement par les voies orale et respiratoire.

Les animaux infectés excrètent le virus dans l’ensemble de leurs sécrétions et excrétions, c’est-à-dire dans : la salive, l’urine, fèces et le lait.

Si la propagation se fait le plus souvent par les mouvements d’animaux contaminés, elle peut également survenir de façon indirecte, par l’intermédiaire de vêtements, de chaussures, d’équipements ou de véhicules souillés.

Ce virus étant particulièrement résistant, il peut survivre longtemps dans l’environnement ainsi que dans les produits d’origine animale.

Autres conséquences de ce virus:

• Conséquences sur la santé humaine: La fièvre aphteuse est non transmissible à l’Homme bien qu’elle ait des conséquences concrètes d’un point de vue socio-économique.

• Conséquences économiques: La FAO chiffre à 21 milliards de dollars les pertes annuelles directes et les coûts de vaccination dans les zones touchées par le virus.
• Conséquences sociales: On peut observer une baisse de la production de lait et de viande, une inflation des prix, un dérèglement du marché de ces produits qui les rend encore moins accessibles aux consommateurs.

Quels pays sont principalement touchés par cette épidémie ?

Au Moyen-Orient:  

• Bahreïn
• Koweït
• Iraq
• Turquie

Dans cette zone les derniers rapports de circulation généralisée du sérotype SAT1 dans la région remontent à 1962. Avant la propagation actuelle, la dernière incursion de ce virus dans la région a été signalée en juillet 2023, avec des cas détectés sur des bovins au Qatar.

Actuellement, les informations détaillées sur ce qui se passe au Moyen-Orient sont limitées, mais il est possible d’affirmer que les mouvements transfrontaliers d’animaux et les pratiques d’élevage intensif contribuent à la propagation du virus dans cette région.

En Europe:

Dans cette zone la dernière épidémie liée à ce virus date de 2011.

• Allemagne: Le 09 janvier 2025, un foyer détecté en Allemagne sur des buffles d’Asie a été rapidement éradiqué.
• Hongrie: Le 07 mars 2025, un foyer y a été détecté  sans relation avec le cas détecté en Allemagne, dans un élevage de vaches laitières situé non loin de la frontière slovaque. Le 26 mars deux nouveaux cas ont été signalé.
• Slovaquie: Le 20 mars 2025, trois foyers ont été détecté dans trois élevages laitiers. Le 30 mars un autre cas a été signalé.

Quelques réactions institutionnelles concernant ce fléau :

La FAO recommande des mesures de biosécurité urgentes et une surveillance renforcée à la suite de la détection récente de la fièvre aphteuse (FMD) de sérotype SAT1 en Iraq et à Bahreïn. Ce sérotype est exotique pour les régions du Proche-Orient et de l’Eurasie occidentale, ce qui suscite de vives inquiétudes quant à une possible propagation du virus, a prévenu l’agence onusienne le 05 mai 2025, dans un communiqué de presse.

Bien que connue de longue date, cette maladie reste l’une des préoccupations majeures des éleveurs et des autorités sanitaires, a déclaré l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)

La fièvre aphteuse représente la maladie animale transfrontalière des élevages la plus transmissible; elle est exceptionnellement difficile à gérer si elle pénètre dans les systèmes de production de ruminants européens, a affirmé la Commission européenne de lutte contre la fièvre aphteuse (EuFMD)

Quelles sont les mesures de prévention et de réaction qui doivent être adoptées ?

• mise en place d’une campagne de vaccination d’urgence;
• mesures zoosanitaires rigoureuses;
• abattage des troupeaux infectés;
• mesures de contrôle et de surveillance strictes portant sur les importations et les déplacements transfrontaliers d’animaux;
• contrôle des contacts des personnes et des matériels avec les animaux d’élevage;
• contrôle de l’introduction des nouveaux animaux dans les élevages existants ;
• respect des règles d’hygiène applicables aux enclos, bâtiments, véhicules et équipements ;
• surveillance et déclaration des cas de maladie ;
• mesures de confinement
• aides pour les éleveurs touchés
• méthode adaptée d’élimination du fumier et des carcasses.

Etes-vous craintif face au développement de cette épidémie ? Quelles autres mesures pourraient-être mises en place pour arrêter la propagation de la fièvre aphteuse ?

APITHY Séphora

Juriste spécialisée en droit de l’agriculture et des filières agroalimentaires

Auteure du livre: Des mots d’Agriculture et de Culture

Sources:

• Organisation mondiale de la santé animale (OMSA)
• Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire (France)
• Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’Agriculture (FAO)
• Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses – France)
• Commission européenne